Hathor, déesse égyptienne.Mythes

Dans ce mythe, la déesse présente ses quatre principaux aspects = lionne (Sekhmet), vache (Hathor), femme (Bastet), serpent (Ouadjet). Il montre que la force destructrice peut apporter la mort mais qu'il est possible de la différer et sa représentation n'est pas une fin en soi car au-delà, se dessine la vie éternellement renouvelée.

L'histoire de la Lointaine rythmait la vie des Nilotiques car lorsque le flot salvateur tardait, des cérémonies imposantes étaient organisées comme à l'an VI du règne de Taharqua (XXVème dynastie) qui dut supplier le dieu Hâpi, pour que cesse le retard de l'inondation et le courroux de la Lointaine. Alors, lorsque le niveau de l'eau montait, les Egyptiens défonçaient les digues de terre pour que les canaux se remplissent de l'eau nouvelle, et recommençaient le cycle agricole signe de vie et d'abondance.

Hathor est une représentante essentielle du divin au féminin. Fille de Rê et parfois aussi son épouse, dans la cosmogonie héliopolitaine, mère symbolique du pharaon, cette déesse participe aux mythes du cycle solaire créés pour expliquer et justifier sa double mission de fille du soleil. Son côté agressif est nécessaire pour la lutte contre les forces maléfiques. Sa facette tranquille souligne son rôle fondamental dans la permanence de la création. La pensée égyptienne considérait que le Cosmos était régi par des Puissances uniquement tangibles sur terre par des évenements concrets.
A chacune de ces forces, l'Egyptien a attaché un objet concret, image accessible. Ainsi, le fait d'être prononcé pemet l'existence à tout ce qui est formulé et les mythes sont alors un "langage" servant à "raconter" l'imperceptible mécanisme permettant le fonctionnement de l'univers.)

Plusieurs mythes sont connus comme celui du livre de la vache, l’Oeil de Rê ou le mythe de la Lointaine qui racontent le double aspect puissance et protection de cette déesse :

Ce mythe appartient aux textes sacrés et puise ses origines très loin dans l'histoire le l'Egypte. Des traces peuvent être discernées dans les textes des Pyramides. Il explique l’état imparfait des hommes. Il n’a donc aucun rapport – au départ - avec les pratiques funéraires. Néanmoins, les égyptiens lui ont attribué un pouvoir et peu à peu, il est apparu dans les tombes du Nouvel Empire comme une protection supplémentaire contre le mal. Ce texte se trouve pour la première fois sur la première chapelle dorée de Toutankhamon. On peut le voir également sur le cercueil extérieur doré de ce pharaon et dans les tombeau de Sethi 1er (dans l’annexe nord), Ramsès II et Ramsès III. Cette légende mythique retrace en détail les dernières années du règne du dieu Rê sur Terre lorsqu’il était roi des dieux et des hommes et propose une version de la création du monde.( Le livre de la vache du ciel nous apprend la formidable puissance du soleil qui combat sans relâche les ennemis de l'ordre cosmique depuis les origines. Enfin ce récit rappelle "le contrat" entre l'Egypte et les dieux dont le souverain est garant car le démiurge accorde un règne prospère à son héritier Pharaon si le pays est convenablement gouverné.)

Elle se rend dans le désert - refuge des humains - en déesse sanguinaire où elle extermine une partie des rebelles. Mais Rê prend pitié des hommes et pour sauver le reste de l’humanité de la soif de sang de la déesse, il imagine un stratagème pour apaiser la soif de sang d’Hathor. Le dieu envoie des messagers à Eléphantine chargés de lui apporter « de grandes quantités de didi » (substance rougissante) qui mélangée à beaucoup de bière est semblable au sang. Devant l’assemblée divine, sept mille cruches sont remplies pour être répandues au petit matin sur le prochain lieu où Sekhmet doit reprendre son massacre . A son arrivée à l’aube, Hathor croit découvrir les champs inondés de sang. En extase, elle s’enivre de cette substance, et ne remarque plus les Egyptiens . Dès lors ils sont sauvés de la destruction complète.

Rê est averti du complot et réunit le conseil des dieux dans le plus grand secret : Shou, Tefnout, Geb , Nout et Noun (l’océan originel) y participent. Il leur demande alors « Voici que les hommes issus de mon œil complotent contre moi ; dites moi ce que vous feriez à l’encontre de cela ». Les dieux proposent par la voix de Noun d’envoyer son œil contre les humains puisque « il n’existe pas d’œil supérieur à celui-ci ». Ainsi l’œil de Rê - « oudjat » (ce qui est complet) sous la forme d’Hathor est envoyé sur Terre .

Malheureusement, Rê est las et dégoûté des Terriens et veut abdiquer. Il convoque pour la deuxième fois l’assemblée des dieux pour l’aider à quitter la Terre et confie à Thot la mission d’enseigner l’écriture aux hommes. Pour monter vers le ciel, Noun demande à Nout de se transformer en vache pour installer le dieu solaire sur son dos et au petit matin l’emmener vers les hauteurs célestes. Nout se change alors en déesse du ciel.

Rê peut contempler alors les hommes armés d’arcs, de flèches et de bâtons prêts une fois de plus à s’entretuer.

Néanmoins, le dieu solaire semble enfin heureux: il peut observer la Terre mais Nout, prise de vertiges, n’apprécie pas sa situation. Rê crée alors huit génies qui deux par deux vont soutenir les quatre pattes de la vache céleste. Il demande ensuite à Shou, dieu de l’espace et de l’air, de se placer sous le ventre de Nout pour maintenir son corps de ses bras tendus.

L’Humanité fut ainsi sauvée de son anéantissement mais son destin ne fut plus dès lors que querelles, mort et éloignement du dieu.

Il associait le retour mythologique d’Hathor à celui de l’inondation du Nil, période du début de la nouvelle année et présage de joie et prospérité. Il démontre l'adéquation entre le parcours de la déesse et le retour de l'inondation.

Du temps où Rê était encore sur Terre, son Oeil quitta le palais dans un moment de colère et se rendit en Nubie où Hathor prit l’aspect d’une lionne sanguinaire. Shou et Thot, choisis pour ramener la déesse, l’abordèrent sous l’aspect de singes. Grâce aux propos apaisants de l’habile Thot, Hathor accepta de retourner en Egypte. Cependant, pour la pacifier définitivement, Thot la poussa dans les eaux de la première Cataracte. Alors, elle prit l’aspect d’une chatte bienveillante- la déesse Bastet – et devint la patronne de la famille et la protectrice du foyer. C’est à Philae qu’Hathor retrouva Rê.

La fille du dieu est loin au Sud, symbolisant ainsi le déclin du soleil dont sa radiante majesté est plus "lointaine". Le long retour de la déesse coïncide avec le réchauffement solaire et la baisse des eaux du Nil. L' aspect dangereux de la déesse se déclare alors que le soleil atteint son paroxyme au solstice d'été. Heureusement, c'est à cette période que se produit la montée du fleuve : la Lointaine entraîne avec elle, le salut en Egypte.

Autre version du mythe : La fille du Démiurge - son oeil agissant - s'ennuyant au Palais fugua vers le Sud, au-delà des Cataractes, pour y vivre une vie libre, ardente et amoureuse sous l'aspect de Sekhmet. De cette vie sans contrainte, naquirent des lionceaux. Cependant, son absence accablait le Démiurge et le peuple. Rê décida de déléguer l'entité Shou (In-Héret = celui qui ramène la Lointaine) représenté en Thot, Verbe divin pour ramener la fugueuse. C'est sous l'aspect du singe astucieux que le dieu rrencontra la Vagabonde terrifiante et lui narra fables et contes pour l'amadouer. Tout en reculant, il arriva à la 1ère Cataracte où il profita d'un moment d'inattention de Sekhmet, pour la précipiter dans les eaux tumultueuses qui la calmèrent. Elle arriva en Egypte sous la forme de Bastet et fut fêtée à Philae. Elle devint alors la protectrice des foyers et uraeus protecteur. Puis elle descendit le Nil jusqu'au Delta en fraîche Ouadjet (concept rajeuni d'Isis), pour donner naissance à Horus.

L‘oudjat, (oeil divin, autre aspect d’Hathor), pouvait se détacher pour agir soit sur ordre du dieu ou de manière autonome .Arriva le jour où Rê, privé de son œil mandata Shou et Tefnout (ses enfants) de le récupérer. Malheureusement, Rê s’impatienta et remplaça son œil, provoquant ainsi une colère terrible de l’oudjat. Afin de calmer l’irascible, Rê le mit à son front et l’Oeil devint l’Uræus – cobra féminin au souffle brûlant et dévastateur qui symbolise la puissance et la protection.